Carnet voyage - Atacama's Desert , Chile
Subir, crouler, angoisser, étouffer, planer, rêvasser ..... voilà comment fin mars 2017 je me suis mise à arpenter les pages web pour satisfaire mon envie de partir, de m'évader ...... et sans même m'en rendre compte, j'ai cliqué sur "réserver" !! ... dans un état presque second, robotique juste comme une carcasse branchée sur du petit voltage ... je venais de faire une vraie démarche, et je venais de réserver LE voyage ....
Je rêvais, que dis-je , je m'étais promise un jour de partir voir le fameux ..... DESERT D'ATACAMA, au nord-est du Chili .... Plus qu'une envie de le voir, c'était un besoin, comme vital qui m'habitait, IL FALLAIT que j'aille là-bas ... le sentir, le fouler, le toucher ..... seule.
Et c'est donc comme cela que j'ai pris conscience que je partais....qu'il fallait que j'attende 3 mois encore, pour respirer à pleins poumons et me sentir vivante et vibrante ..... 3 mois pour me conditionner à affronter mes vilains chauchemards de la rue, du métro, du rer et de l'aéroport qui allaient m'acheminer vers la fascination et la transcendance ....
Je ne vous parle même pas des préparatifs ! c'est bien gentil de cliquer pour une résa, mais cela implique bien des démarches .....glaner les infos utiles, acheter une p'tite carte topo, j'adore les cartes !!! .... faire la demande ESTA en ligne juste pour pouvoir poser le pieds sur le sol américain (on ne m'y reprendra pas !!!), checker tous les sites sur les agences du village ....et.... acheter un super beau brillant rutilant carnet (Librairie Lamartine, Paris 16ème pour ne pas les citer)
, qui allait recueillir mes allées-venues, mes pas, mes impressions, mes sensations .....avec un petit look de "journal intime" (oui c'est presque ça) mais dédié à ce voyage ....
Voilà, pendant ces 3 longs mois, je me suis posé 1000 questions, j'ai révisé mon espagnol (très sommaire mais utile !), j'ai finalisé les démarches adminitratives (quelle horreur !), étudié la carte et les parcours, listé les lieux sur lesquels me rendre, mémoriser le plan du village (San Pedro de Atacama n'est pas une ville à proprement parler, mais un village, bouillant de chaleureuse vie, une oasis dans le désert) ....
Puis, le jour du départ, j'ai commencé à écrire dans le carnet rouge ....
Je vous livre donc, sans détour ni fioriture, mes cheminements, mes pensées, mes sensations, mes ressentis .....
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Jour 1 : 10 Juillet 2017
Bon, ben je suis prête, après moultes heures à tourner en rond, à poser les choses 12 fois à des places différentes, à faire des petits tas pour chaque utilité, j’ai fini par fermer ma valise, et valider le bagage à mains.
C’est pas le tout, mais la réflexion ça prend du temps si l’on veut qu’elle soit constructive.
J’ai aussi fini par m’endormir vers 2h30 du mat, après avoir écouté l’orage.
Le réveil à 7h un peu hardos.
Partir à 9h00 de la maison, le cœur fendu de laisser Joya (miss chatonne qui habite les lieux) avec une ration de croquette pour un cheval !!!
Pour éviter les bouchons de l’heure de pointe, je prends le métro, juste pas envie de rater ce vol. Donc une p’tite dose de Xanax, et sous la pluie, valise qui pèse un âne mort (20,4 Kg), je vais à la station Emile Zola en priant tout le Panthéon grec pour qu’elle ne soit pas fermée pour cause d’intempérie (ça s’est déjà vu, donc méfiance !).
Puis ensuite, RER B (sous Xanax et avec le casque ça reste une torture, mais ça m’a pas tuée).
Arrivée à l’aéroport Charles de Gaulle (CDG) à 10h20, et là …….. au secours !!!
On se croirait dans une foule de concert, obligée de patienter des plombes pour enregistrer le bagage, pas le choix. Mais vu la file d’attente, je commence déjà à flipper pour mon vol de 13h15 à destination de New York (NY)……. C’est long, mais que c’est long !
12h20 : ok, valise déposée en soute, passé le mec de la sécurité qui te fait raconter ta vie, bref, courir (pas trop non plus ! mon bagage à mains pèse aussi) jusque porte 49, mais je crève de soif, je dois boire et tout de suite, immédiatement !!
Oh un « Starberk » ! un pulco citron, très bon, tout bu d’un coup.
Me reste juste toute la partie contrôle à passer, là où tu te fais dépiauter le bagage à mains, des fois que j’aie une arme chimique dans ma trousse de toilette, bref, là aussi où t’as forcément un truc sur toi qui fait biper le portique (en l’occurrence la barrette à cheveux, même pas les bagues de pieds ! va comprendre Charles !), et donc heure d’embarquer ….. et de plomber !!
Bon, genre on attend encore des passagers, oh puis à 14h00 ben ils ont la bonne idée de remplir l’avion de fuel ! vraiment pertinent et dans le bon timing !
Le truc important à savoir, et si j’avais su, j’aurais fait en sorte d’avoir une plus longue escale, c’est que toute entrée même en transit sur le sol des USA nécessite la récupération du bagage en soute pour tous les contrôles de douane et de police, puis ensuite, de le ré-enregistrer pour le vol suivant. Donc un truc qui prend du temps, surtout quand on connait pas les lieux.
J’aurais pas dû prendre un trajet avec escale à NY, ou alors opter pour une escale qui laisse le temps.
Donc initialement, j’ai une escale de 3h à NY JFK, sachant que nous avons décollé avec 1h de retard, et qu’il ne rattrapera qu’1/2h en vol, ça craint du boudin à donf, if you see what I mean !
J’ai pas du tout peur de l’avion, au contraire, j’adore le décollage qui laisse une sensation presque délicieuse.
Bref, j’suis dans l’avion, à ma place, hublot évidemment.
Je pourrais presque m’assoupir, je n’ai dormi que 4h30, c’est léger. Mais repas à bord (bof). Shit, j’suis déjà en jetlag, il n’est que 16h24 HF. (presque rien mangé). Ça plane pour moi, au dessus de la mer de nuages dans des dégradés de bleus.
Quel lieu de silence, de légèreté, de sérénité opale et laiteuse…..avant le prochain coup de stress à JKF, si je loupe ma correspondance ou pas.
Suite au prochain épisode, j’ai encore 6h de vol, de quoi prendre le temps de zénifier, dans le doux son de ma PL « zen ».
@+ ________
Nous sommes toujours le 10 juillet 2017. Nous avons remonté le temps de 6h, il est donc presque 21h en heure de NY et de Santiago.
Finalement mon vol de 19h pour Santiago a été annulé, et c’est tant mieux, je l’aurais loupé puisque le vol de CDG à JFK est parti en retard, donc atterri en retard, plus le temps de nous « libérer » donc descendue de l’avions vers 17h25 (en mode panique à l’intérieur de ma boite crânienne) au lieu de 16h.
Passage contrôle passeport, récupération bagage, re-check bagage, aller au guichet d’enregistrement pour apprendre que j’ai le vol à 21h en lieu et place du 19h….. Il paraitrait, selon la rumeur, que l’avion n’est jamais arrivé !
Perso, j’trouve ça inquiétant, mais ça n’avait pas l’air de les stresser.
Bref, ça y est, suis dans l’avion pour Santiago du Chili, après avoir parcouru quelques allées et couloirs dans JFK pour prendre quelques photos (la pomme, obligé !!).
La nuit tombe sur JFK , et je m’en fous lol.
J’ai trop de sommeil en retard, j’ai 10h de vol à venir, donc je vais en profiter pour dormir.
Suite au prochain épisode. @+
Jour 2 : 11 Juillet 2017
Il est 8h30, heure de Santiago, et il reste 40mn de vol pour y arriver, donc ça fait une arrivée théorique à 9h10.
Mais … oui, y’a souvent un « mais », j’ai aussi un vol pour Calama à 8h50.
Va-t-il attendre l’heure de correspondance ou bien on me colle sur un autre vol ? ce qui serait logique vu que les deux premiers vols ont été décalés .
Sinon, j’ai pas mal dormi pendant le vol.
J’ai pris le p’tit dej à bord.
Je ferme le carnet, suite au prochain épisode. @+ ___________
Nous sommes toujours le 11 juillet, il est 18h45, je suis à Santiago.
Mon vol pour Calama vient ENFIN de décoller.
Jamais ma patience et mes nerfs n’auront autant mis à rude épreuve. Je suis depuis 9h00 ce matin dans cet aéroport de Santiago, à attendre ce vol que j’aurais dû prendre il y a 9h. J’ai donc passé la journée entière dans cet aéroport !!!
Le vol de ce matin 9h a été annulé, donc il a fallu récupérer le bagage, et pour trouver tout ça avec mon pauvre espagnol de fortune, j’ai fait fort ! Y’a un gentil monsieur qui a eu pitié de moi, et nous avons trouvé ma valise.
Avant il fallait un p’tit contrôle douane sinon pas drôle, donc une plombe, puis police, donc ouf ! tampon du Chili sur mon passeport, wouah !
Donc pour retrouver un vol pour Calama, attendre une plombe dans la file d’attente pour un vol prévu initialement à 14h50, et là ……. C’est le drame !
Vol reporté ! porte d’embarquement changée 3 fois. Ils m’auront tout fait durant ces deux jours. Oui, le désert ça se mérite ! Mais là, ça fait beaucoup.
J’en ai profité pour sortir de l’aéroport, j’avais le temps, pour fumer une putain de bonne clope en admirant la vue sur la cordillière des Andes. J’avoue ça calme.
Mais voilà, suis donc dans le bon vol, le dernier en réalité.
J’ai les nerfs qui s’effritent, je crève de soif et mes pieds pleurent.
En arrivant à Calama, il faudra que je récupère mon bagage et que je trouve de quoi aller (un bus ?) à San Pedro de Atacama.
Ceci n’est qu’un détail noyé dans le marasme de ces deux jours.
Mais comme dirait quelqu’un : « ça fait des souvenirs ! »
En plus, nous sommes en vol de nuit, donc je ne peux pas voir cette magnifique Cordillière que nous survolons.
Après tout ça, je m’enfermerai dans le désert, et je crois que c’est vraiment l’expression qui convient. M’entourer de vide, de grandiose, de silence, de sérénité et de grandeur.
19h15 heure locale (Santiago du Chili), je ferme le carnet, suite au prochain épisode, @+ __________
Toujours le 11 juillet 2017. Il est 23h30.
Je suis arrivée à San Pedro de Atacama, au Atacama Adventure Wellness Ecolodge à 22h20. P***** Ça fait du bien !
Premier réflexe : mettre le téléphone et la tablette sur le wifi local pour prévenir que je suis bien arrivée. Même pas faim. Juste respirer les lieux (avec 1 clope bien méritée lol), douche, bagage, et … dodo !
Je ferme le carnet. Suite au prochain épisode. @+
Jour 3 : 12 Juillet 2017
Il est 9h du mat. Le soleil brille de mille feux.
J’ai pris mon p’tit dej sans trop avoir faim.
Les jardins sont superbes, j’adore. Le chat des lieux est un nouvel ami qui ronronne autant que la turbine d'un barrage hydraulique !
Je vais au village pour la poste et le change de monnaie, puis me balader pour repérer les lieux. D’ici, c’est à 1,5 km environ, dans la fraîcheur des 9° (21° attendus en journée). Hasta luego !
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18h00…… la nuit tombe, le froid tombe, mes nerfs tombent, tout tombe, alors que je suis encore dans le jardin de l’hotel.
J’ai bien arpenté le village, mais pas encore complètement. Cela dit, j’ai fait les essentiels du 1er jour, à savoir change monnaie, poste pour timbres, pharmacie pour spray nasal because muqueuses ultra asséchées, puis petit repérage des lieux.
le soleil cogne sévèrement dans le désert, je crois bien que mes oreilles ont chauffé.
Bon, sinon, j’suis nase je crois que j’ai pas encore récupéré les heures de décalage…. Je crois que je ne vais pas dîner, je ferme le carnet, hasta luego !!
Jour 4 : 13 Juillet 2017
9h00 du mat : wouah grosse nuit de sommeil.
Presque prête pour partir crapahuter. Il ne fait que 6° pour le moment, mais le soleil arrache déjà ! Hier il m’a cramé la tronche.
Bon j’ai pris un p’tit dej blindé d’énergie, genre fruits, muesli, céréales….
j’ai mis de l’indice 50 sur ma peau sans oublier les oreilles (avez-vous déjà eu les oreilles littéralement fondues par le soleil ?)
Aujourd’hui, j’ai bien envie de prendre un des VTC de l’hôtel (mis à dispo gratuite pour 4h), puis d’aller voir la Vallée de la Mort. Je ne sais pas ce qui est mieux, pieds ou vélo, parce que c’est loin. Je vais réfléchir à la question, et demander à Mary la gentille dame de l’écolodge.
Je ferme le carnet. @+ _________
Voilà, il est maintenant 20h00. Finalement, les vélos de l’hôtel ne sont pas en assez bon état, donc suis allée au village à pieds dans l’optique de louer puis de me balader dans la Vallée de la Mort ……. Ce que je n’ai pas fait dutout !!!
J’ai maté quelques pancartes qui vantaient les excursions devant les agences de tourisme (et c’est pas ce qu’il manque, et dans toutes les langues !!), puis je suis entrée dans une agence, et acheté une place pour la Vallée de la Lune pour un départ à 14h30 de l’agence. Hyper sympa la nana… j’ai bien insisté sur le fait qu’il ne fallait pas que ce soit un gros groupe, je déteste les troupeaux de touristes, et j’aime encore moins faire partie du troupeau !
En attendant l’heure, j’avais carrément le temps, je suis allée me balader dans les rues en passant par les « tiendas » (les boutiques quoi !!), marché artisanal, bar pour le super jus d’ananas mixé à la commande, pause clope sur la place centrale (équipée du wifi s’il vous plait !!), puis re-jus d’ananas avec empanadas (juste pour goutêr !... mais trop bon !), puis un p’tit tour dans la galerie artisanale (qui expose et vend EXACTEMENT les mêmes articles que l’on trouve sur les marchés de Bolivie et du Pérou lol), puis c’était l’heure d’aller à l’agence ….
Cool, c’était un mini-bus, mais un tout petit groupe de 6 personnes….. allez go, 20 km (si quand même ) dans le désert …. Et là …..
Le choc ! quelle violence et quelle brutalité la beauté de ces lieux impériaux…
Je ne peux m’empêcher de laisser les autres me devancer, me laisser un peu en marge en retrait, pour prendre le temps de contempler, absorber, shooter dans tous les sens, souffler mes poumons parce que ça monte (et que j’suis fumeuse !!...oui oui je sais, c’est pas bien !.... mais sérieux, des fois une bonne clope c’est trop bon !) … dans le sable, en plein cagnard pur et brut, fait pas semblant ici le bougre !
Epuisant, mais ressourçant à la fois, je ne saurais l’expliquer.
je regarde un lieu sacré et protégé, acteur et témoin depuis des milliers d’années de changements et de formations géologiques…. Ça me fascine et ça m’envoute.
Arrivée en haut sur le mirador, c’est le clou ! Incroyable de beauté et de grandeur, magique ! érigée, souveraine, minérale …. Lunaire, oui, forcément.
La Vallée de la Lune, « Valle de la Luna », constitue une réserve nationale protégée (et on ne marche pas n’importe où), dont tous les bénéfices, paiements aux agences de tourisme etc, sont reversés à la Communauté des Atacameños, une des plus anciennes ethnies, encore existante et représentée. Ils sont les seuls à percevoir les bénéfices qu’engendrent les sites touristiques de la région, sur leurs terres sacrées. Et perso, je trouve ça très bien, c’est une très bonne chose. Belle mentalité que de leur rendre ce qui leur appartient de droit.
Sur cette belle pensée, je ferme le carnet, je suis un peu fourbue, harassée, mais emplie d’un sentiment de quiétude … suite au prochain épisode.
Jour 5 : 14 Juillet 2017
Il est 10h00 , je me sens complètement décalée, à l’ouest si j’ose dire. De plus, j’ai oublié d’ingurgiter ma dose quotidienne de « sédatifs hypnotiques » donc autant dire que je n’ai pas dormi !
Même après un p’tit dej en béton, je me sens à plat. Je crois qu’aujourd’hui je vais me la jouer « terrasse, jardins et sofas » à contempler et absorber.
Bon en fait, j’attends aussi la confirmation d’arrivée de la personne qui va chez moi, pour faire les "cat-sitter" …. Et ouf oui !!! bien arrivé…. La féline les lieux n’est plus seule, elle va bien, et je suis rassurée ….
Partir au bout du monde lorsqu’on a un animal à la maison, c’est peut être un détail pour certains, mais pensez à lui !!
Bon allez, journée light, à lire, à cramer, à rêvasser, à écrire, à réviser mon espagnol (un p’tit peu tous les jours !.... il y a 3 ans lorsque je suis partie en Bolivie, je pétais pas un mot d’espagnol !). …. Je me rattraperai demain.
Je ferme le carnet. Hasta luego.
Jour 6 : 15 Juillet 2017
9h30 : wouah, nuit complète en mode « sédatée » juste pour ne pas entendre les chiens alentour aboyer.
Hier j’ai rien foutu, j’avais besoin de me poser le neurone, donc je suis restée dans les jardins (qui invitent à la contemplation et la méditation, avec vue sur le Licancabur), avec mon bouquin, en alternant ombre et soleil, et toutes les 3h hop petit tartinage avec indice 50 ….. Nous sommes tout près du tropique du capricorne, et l’indice UV est violent, Râ nous envoie toute sa puissance sans barrage, non ici, pas de nuage de pollution, c’est brut violent sans altération.
Bon today, vais aller en ville, il me faut quelques ustensiles, genre p’tit sac à dos (bien fait, je n’avais qu’à pas oublier le mien), pour marcher, c’est important d’équilibrer la charge sur les épaules, et vu que je trimbale toujours quelques kilos avec moi, c’est un outil indispensable.
Vous ai-je dit qu’ici tout est serein et paisible ? …. Il y a pourtant une route derrière, mais peu de passage alors le chant du vent et des oiseaux est maître. Allez, c’est parti pour le village, baskets au pieds (je dégage mes bagues d’orteils, elles m’arrachent la peau, assez gênant !).
Je ferme le carnet. Hasta pronto. @+_________
Il est maintenant 21h, dans la nuit et la fraîcheur. Ici nous sommes en plein hiver, la saison la plus froide et la plus sèche (dans un désert, c’est pas banal), mais le concept du nuage n’existe quasiment pas à cette période de l’année.
Je savoure …. Wouah, cela faisait longtemps que je n’avais pas marché sur une p’tit montagne, ça me manquait cruellement, mon corps en demandait, j’avais « les sabots qui grattent » ! … ça arrache les jambes mais que ça fait du bien …. Lorsque le corp souffre c’est qu’il est vivant.
Donc finalement, ce matin, j’ai décidé de me diriger depuis le village, à pieds bien sûr, mon moyen de locomotion favoris et dans lequel j’ai le plus confiance, jusqu’à Pukara de Quitor, un site archéologique à quelques kilomètres au nord du village….
Traverser le rio, toujours à pieds, (les camions et vélos roulent dedans, peu d’eau à cette période), marcher dans un sable chaud qui engloutit, monter sur des chemins de caillasse jusqu’aux ruines, d’où l’on a une vue imprenable sur la vallée de Catarpe et son rio.
Puis redescendre des ruines pour récupérer le chemin caillouteux de l’autre versant. …. Toute cette étendue minérale, la pierre qui réfléchit le soleil qui brûle la peau et les yeux…. Tous mes sens sont en alerte, aux aguets, j’absorbe chaque parcelle, chaque son que font mes pas dans la pierre, chaque vue que mes yeux captent à tous les degrés.
La pente est douce mais malgré tout un peu éprouvante sous le brutal assaut des rayons. … mais la contemplation fait souvent occulter la condition de son corps. La vallée se dessine en contrebas, toute droit née du pinceau de la nature, majestueuse, le Licancabur vient écraser de sa puissance ce panorama, il est loin et pourtant si près, presque palpable.
Je ne sens pas l’épuisement, mes jambes me portent pour monter tandis que moi je m’imprègne et je me nourris de ce que je vois.
C’est fou, improbable et réel. Au 3ème mirador, dans le vent sifflant, je me sens seule au monde, j’aime ça, trop peut-être, ce monde qui m’entoure et me fascine, fait vibrer chaque partie de mon corps, fait se hérisser les poils de mes bras, fait jaillir les émotions.
Le vent me fait réagir et me sortir de ma torpeur, me dit qu’il faut continuer, aller voir jusqu’au sommet, il y a un truc qui m’intrigue. Les lacets caillouteux n’en finissent plus, et là, un choc, je ne m’attendais pas à voir cette immense dune de sable en face, que l’on ne peut voir que d’ici, une des dunes de la Vallée de la Mort qui est de l’autre côté. Puis cette croix sommitale, plantée là, témoin de nos effort, nos pas, nos rires et nos larmes, témoin des affres et des œuvres de Gaïa, Mère Nature….. « Dios mio, dios mio, por qué me has abandonado » … tout est dit et gravé dans la pierre, tout est beau, mon souffle est coupé et je suis submergée d’émotions …non contenues.
Je ne saurais pas expliquer, et certains ne comprennent pas, que l’on puisse vibrer à ce point pour un lieu, un moment, que l’on puisse se sentir assaillie par de l’émotion violente sans savoir la contenir. C’est puissant et incontrôlable. Beaucoup de marcheurs, randonneurs, marchent, montent, s’émerveillent, prennent des photos, …. J’espère juste qu’ils « ressentent » ce noyau dur de sensations qui leur a été jeté à travers le corps et qui va exploser.
Après de longs moments, assise là sur une pierre à contempler, figée dans le temps et l’espace, il a bien fallu que je redescende. J’ai donc fait la descente avec un groupe de 4 jeunes nanas qui étaient arrivées au sommet après moi. Alors, est-il nécessaire de préciser que le contact avec l’humain, heu…. Comment dire ça délicatement …. C’est juste pas mon truc, mais ça m’arrive quand même !
une frenchy, une américaine, une néerlandaise et une allemande, toutes 4 s’étant rencontrées à l’auberge où elles dormaient. Sympa, petite séance photo au sommet au pied de la croix sommitale, puis redescente en papotant, mais pas trop quand même hein ! Puis chacun reprend son chemin, et retourne dans son monde de sensations.
Je suis rentrée au village à pieds, un peu fourbue, et du village, encore 2km environ jusque l’hôtel. Je ne compte pas les km, je m’en fous. Mes pieds ont leur conscience et ne s’en foutent pas, ils pleurent !
Mais tout ce que j’ai vu, j’ai contemplé, j’ai ressenti, j’ai absorbé me font me sentir bien, heureuse, sereine et en paix, accomplie, et en accord avec cette nature et ce côté du monde.
Besoin de dormir, je ferme le carnet. Hasta mañana.
Jour 7 : 16 Juillet 2017
Il est maintenant 18h45. La journée fut tranquille après celle d’hier, mes pieds ont plus besoin de repos que moi.
Je me suis donc nourrie du bruissement des feuilles sous le vent, de la torpeur, de la quiétude des lieux.
Vous ai-je dit que les jardins ici, au pied du Licancabur (je crois que je suis tombée in love !!) sont ….. régénérants !!
Ok, donc sous la puissance à plein régime de Râ, j’ai …. Glandé ! n’ayons pas peur des mots ! puis j’suis en vacances d’abord ! puis j’ai pas forcément envie de me coller à des hordes de touristes qui arpentent les ruelles du village tous les jours. … donc programme lecture (j’ai du stock de books !), check photos, post photos, un peu de « communication avec la civilisation » lol… et puis c’est tout.
J’ai certains amis (ou connaissances) qui, lorsqu’ils passent en mode « touriste » se sentent l’obligation d’écumer tous les bars et tous les restos locaux.
Moi pas ! pas mon truc ! … ; monde, bruit, musique, agitation (oui, petite sensibilité auditive et sociale ! ) … donc moins je peux côtoyer l’humain, mieux c’est ! oui, désolée, il y a des gens comme ça, juste un peu sauvage dirons nous et solitaires…. Tout le monde n’a pas l’instinct grégaire quoi qu’en disent les scientifiques experts sur la question … mais ce n’est pas une tare, enfin je ne crois pas.
Donc depuis mon arrivée ici, et bien le soir je fais l’impasse sur le dîner, les petits déjeuners consistants me suffisent. Bon ok, si je fais 15km dans le désert, je me jette sur un poulet comme une sauvage !
Pour demain, j’envisage de me la jouer petite marcheuse du désert, vers la Valle de la Muerte, ou vers le sud dans salar…. Nous verrons bien.
Je ferme le carnet, Hasta mañana.
Jour 8 : 17 Juillet 2017
Voilà, 18h45 (suis assez constante dans mes horaires on dirait !).
Bon, c’était très bon cette « balade » dans le désert…. Partir à pieds depuis l’écolodge, et se faire 10/12 km dans du sable et de la caillasse.
J’aurais dû partir plus tôt ce matin, ça m’aurait permis d’aller encore plus loin.
Ici, tout le monde se déplace en 4x4, mini-bus, VTT selon la distance (et chevaux pour quelques-uns). Sont tous équipés comme s’ils allaient se taper l’Everest, mais y’en a pas un qui marche !! sérieux, je ne croise personne. C’est d’ailleurs bien pour ça que j’arpente la caillasse avec mes pieds et mon p’tit sac à dos !
Donc des petites dunes, du sable, et encore du sable, des cailloux, des arbustes desséchés, le tout avec un horizon qui tue le souffle, le Licancabur (maître des lieux quand même !!), les sommets enneigés au loin, les rocs géants de la vallée d’en face, les couleurs, les contrastes de folie.
Seule ombre au tableau : l’incident du jour ….. ma tablette m’a lâchée. J’suis dégoutée (si un peu quand même ! assez paradoxalement, même en mode ressourcing dans le désert !).
Au fond du Solor y’a une pancarte qui dit « resto ». Par l’odeur alléchée d’un éventuel bon café ou jus d’ananas (trop miam), j’y vais franco, même s’il reste quelques km à parcourir dans le sable, sous des arbres à poivre.
Arrivée dans le périmètre du supposé resto, douteusement trop calme, y’a un monsieur qui sort de chez lui suite à l’aboiement enjoué de ses chiens, et qui m’informe très gentiment que : « non madame, c’est fermé la semaine, le resto n’est ouvert que le WE ! » !
Cool ! j’viens de me taper 6 bornes, mais même pas mal, j’encaisse le choc !
Sauf que pendant ce temps, les chiens me saluaient fougueusement, ma tablette est tombée dans le sable. Et après en repartant, j’ai voulu faire une photo, mais elle était éteinte, et …. Dead ! ne se rallumait plus, électro ancéphalo plat !
Y’avait plein de photos et vidéos dedans. Donc avec un peu d’optimisme, je me dis que je pourrai récupérer tout ça en rentrant en France (outch ! ça sonne mal dans mon oreille).
Donc, pas d’resto, pas d’café, pas d’jus d’ananas (ça va, j’ai de la flotte avec moi), et je rebrousse chemin. Je prends bien entendu le temps de shooter (avec mon tel et mon p’tit compact un peu bof !) quelques photos …. En fait, j’suis comme une japonnaise devant la Tour Eiffel, je fais une photo tous les 3 mètres, presque en mode rafale !
Allez, je ferme le carnet, à demain !
Jour 9 : 18 Juillet 2017
10h40… suis en route ! me suis juste arrêtée au bout du village, à la terrasse d’un super hôtel-resto pour …. Tomar un espresso doble ! juste le petit carburant avant d’entamer la route qui va me tuer, j’en ai la quasi-certitude.
Avis de circonstance, puisque je m’aventure vers la …. Vallée de la Mort !
Je sais que cela sera un peu éprouvant pour le corps, de la montée, du sable, de la caillasse, mais peu importe, mes yeux absorberont et mes synapses se nourriront.
Je ferme le carnet. @+
Jour 10 : 19 Juillet 2017
14h30 : et bien comme je l’avais prévu, hier la Vallée de la Mort m’a tuée !
Tout en violence et brutalité, sauvagerie, hostilité, grandeur, beauté…. Homme que tu es petit !
Je suis donc repartie de la terrasse du café, qui est déjà à 1,6km du « centre-ville ». Puis comme je n’avais aucune envie de marcher le long de la grande route, (le terrain n’y est pas assez escarpé et authentique ! ), j’ai emprunté la piste sablonneuse à travers le salar afin de rejoindre le tronçon de route à l’entrée de la Vallée, piste uniquement parcourue par les chevaux.
C’est comme si j’avais été projetée subitement dans un autre monde, un autre univers, fait d’escarpements rocheux, sulfureux, sulfateux, de sable compacté par les vents, de gypse disposé en lamelles par la nature orfèvre, un sol ensablé et aussi craquelé de sécheresse…
J’étais dans une vallée fantomatique, avec le bruit du vent et de mes pas, et …. du sable qui craque sous le soleil ! je suis tout à fait sérieuse, ne me prenez pas pour une illuminée, la vallée chante !
A force d’avancer dans cet univers minéral, j’ai fini par entendre le son des voitures au loin, signe donc que j’allais bientôt rejoindre la route.
En y arrivant, quelle vision d’immensité. Sillon surprenant et humain qui traverse la force. Mais il me fallait remonter quelques centaines de mètres (hop, l’occasion d’un petit shooting photos, on ne se refait pas, accroupie, à genoux, allongée à plat ventre sur le macadam) pour rejoindre l’entrée de la Vallée de la Mort. Donc remonter un peu, 500 mètres dans un désert ça compte, et me voici arrivée au Cabanon.
Chaque site dispose d’un cabanon d’entrée, où l’on doit s’acquitter de la somme de 3000 CLP (même somme pour tous les sites qui se visitent), ce qui fait approximativement un équivalent de 4 €.
Et là, la charmante dame dans le cabanon me dit que la piste qui mène au fond de la Vallée fait 3 km ! je venais déjà d’en marcher 5 ou 6 …. mais quand on aime on ne compte pas ! (si quand même un peu !).
A partir de ce point, nous sommes en totale immersion dans un autre monde, comme une espèce de dimension parallèle, pire que la petite vallée précédente. C’est comme un décor de réalité virtuelle, mais en la réalité réelle !! et les blocs rocheux craquent quand on avance … très particulier comme sensation, des résonnances, des échos ….. bon, parfois quelques 4x4 ou VTT passent, mais se sentir seule dans ce décor est presque comme un privilège, un honneur, dans le silence assourdissant de cette vallée.
Avec du recul, j’aurais dû procéder pareil pour la Vallée de la Lune, parce qu’en groupe, même s’il est petit, on ne goûte pas au silence ou au chant du vent comme à cet instant précis. C’est surréaliste, magique.
Les blocs que l’on pourrait penser rocheux ne sont en fait pas de la roche, mais des amas de sable durci et compacté, charrié par les vents, et modelés avec des rainures, des boursoufflures, des cavités, tout est très étrange.
Et ce chemin, cette piste, qui tourne, qui zigzague à travers ce dédale de formations, témoin des temps les plus anciens, débouche ensuite sur un décor de …..Sahara ! pas de transition, direct une immense dune de sable ! c’est dingue quoi !
Les silhouettes se détachent comme des ombres sur un drap blanc baigné de lumière …. Juste des chevaux, des sandborders …. Et le bruit du vent.
Alors oui, je peux me répéter, mais c’est pourtant ça … tout est tellement violent et brutal de beauté, c’est quand même spectaculaire et époustouflant de se retrouver ici, là au sommet de cette dune, à contempler un pareil spectacle, que seule la nature sait nous gratifier.
Je suis restée assise là, humble humaine que je suis face à cela, sur cette dune, à contempler sous cet insolent soleil la beauté, à m’en nourrir … à laisser mes doigts s’enfoncer dans le sable, pour ressentir la terre, et vibrer avec elle.
Pas besoin d’aller chez les chamans et de « voyager » sous peyotl pour ressentir les choses ou se sentir connecté avec la nature. Je ne suis pas sous substance, tout est en nous, il suffit d’y être sensible et de le ressentir, se retrouver face à soi-même et s’explorer, se sentir en harmonie … voilà pourquoi je suis venue dans ce désert, il m’offre ça, et c’est une chance. D’ailleurs, la Vallée de la Mort, c’est la Vallée de la Vie !
Alors oui, peut-être que les ultra-citadins des grosses agglomérations ont les sens un peu engourdis, moi la première quand je suis dans Paris, mais le lâcher-prise ou l’ouverture de conscience, tu ne le fais pas dans un sauna ou en boîte sous exta ! bref là n’est pas la question !
Les méditations ou séance de yoga, non, ça ne marche pas sur moi. Il me faut du désert, de la terre ancestrale, un retour aux sources, aux vraies. Passons !
Donc, il m’a bien fallu repartir à un moment donné de ce lieu magique. Alors je suis redescendue par l’autre dune en biais, pour rejoindre la piste et rebrousser chemin dans les 3 km de la Vallée. Après ça j’ai rattrapé la route CH23 pour rejoindre San Pedro (indication sur le panneau : ville à 4 km). En arrivant en ville, petit coup de fatigue. Alors je suis entrée dans le 1er resto sur mon chemin. Il ne faut pas se fier aux façades, elles ne sont pas le reflet de ce qu’il y a derrière.
Pichet d’un litre de jus d’ananas mixé la commande, un pur délice, puis un poulet rôti à emporter que j’ai dévoré en 3 minutes sur un sofa du jardin ! mais quel pied !
Voilà, tout cela, c’était hier. Aujourd’hui je suis restée à l’écolodge pour le repos ; la lecture, potasser mon espagnol, et savourer le calme des lieux.
Nous sommes le 19 juillet, il est 16h30, je n’ai aucune idée de mon programme de demain, cela dépendra aussi de ma super ampoule sous un orteil, et de mon inspiration.
Je ferme le carnet. Hasta pronto !
Jour 11 : 20 Juillet 2017
16h45, journée glandouille ! 2 jours d’affilée, ça craint, c’est nul !
Soleil, sofas, leçons d’espagnol.
Je me surprends à penser à chez moi, à me demander si tout se passe bien avec le chat. J’attends aussi des nouvelles de mon visiteur qui doit me rejoindre, peut-être demain, oui demain …. Ah l’amour, c’est terrible !!
Jour 14 : 23 Juillet 2017
18h30 : oui, trois jours sans écrire, je sais, c’est pas régulier. Mais j’ai une excuse !! j’ai consacré mon temps durant ces quelques jours à quelqu’un d’autre. Je ne m’attarderai donc pas sur le sujet, ça m’appartient.
Demain j’irai en ville me renseigner sur la dispo pour une rando cheval. Le matin j’ai rdv avec un ami pour visiter des terrains et propriétés (oui, juste un petit détail, bref).
..... LA SUITE ARRIVE